Description:
"Le 17 mai 2004, le régime militaire birman
réunit une nouvelle Convention nationale, clé
de voûte du processus de démocratisation
annoncé par le Premier ministre, le général Khin Nyunt. Un an auparavant, le 30 mai
2003, de violents affrontements avaient eu lieu entre des sympathisants de la Ligue
nationale pour la démocratie (LND) d?Aung San Suu Kyi et des partisans du
régime, lors d?un déplacement de la leader de l?opposition démocratique birmane
à Depeyin, au Nord du pays1. Pour la troisième fois depuis 1988, Aung San Suu Kyi
était arrêtée, puis assignée à résidence en septembre 2003, à la suite d?une intervention
chirurgicale. Le Conseil d?État pour la paix et le développement (SPDC)2
dut alors affronter les critiques de la communauté internationale, y compris celles
des pays de l?ASEAN3 jusque-là réticents à toute forme d?ingérence dans les affaires
intérieures d?un pays membre. De nouveau mise à l?index et qualifiée de paria, la
junte militaire est alors passée « à l?offensive » en annonçant sa volonté de prendre
l?initiative d?un apaisement et d?une « réconciliation nationale » qui viseraient
selon elle à encourager une transition démocratique progressive.
De fait, la Birmanie4 fait toujours figure de « vilain petit canard » en Asie du
Sud-Est. Rattachée à l?Empire britannique des Indes pendant plus d?un siècle,
elle n?a en effet connu qu?une décennie de vie démocratique avant que l?armée
birmane (Tatmadaw) et son leader, le général NeWin, ne prennent le pouvoir par
un coup d?État en mars 1962. Depuis, le pays est resté en marge des processus de
transition démocratique qu?ont connus les Philippines (1986), la Thaïlande (1992) ou l?Indonésie (1998). Gouvernée depuis quinze ans par le même triumvirat (les
généraux Than Shwe, Maung Aye et Khin Nyunt, respectivement chef de l?État,
chef d?État-major de la Tatmadaw et chef des Renseignements militaires nouvellement
promu Premier ministre), c?est aujourd?hui la dernière dictature asiatique
avec la Corée du Nord. En 1997, la Birmanie a cependant intégré l?ASEAN, et le
concept d?engagement constructif favorable à la junte fait désormais partie de la
rhétorique diplomatique régionale. Or Rangoon devrait hériter pour la première
fois de la présidence tournante de l?ASEAN en juillet 2006. Pour les États membres
de l?Association, le fait d?être présidés par le dernier régime militaire et dictatorial
de l?Asie du Sud-Est risque d?affecter considérablement la crédibilité et l?image de
l?ASEAN au niveau international. Un régime birman résolument engagé dans un
processus de démocratisation et ouvertement prêt à une transition ne peut donc
qu?être le bienvenu..."
Source/publisher:
Critique internationale n°24 - juillet 2004
Date of Publication:
2004-07-00
Date of entry:
2007-08-20
Grouping:
- Individual Documents
Category:
Language:
Francais, French
Local URL:
Format:
pdf
Size:
90.11 KB