BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL
285e session du
Conseil d'administration (novembre 2002)
Quatrième question à l'ordre du
jour
Faits nouveaux concernant la question de l'observation
par le gouvernement du
Myanmar de la convention (n° 29) sur le travail forcé, 1930
Résumé du débat par le président
Le président
- Le débat a été très riche. Il y a eu beaucoup d'interventions, certaines plus optimistes, d'autres plus pessimistes. Je pense que le gouvernement
des Etats-Unis a eu raison
de nous rappeler que nous parlons
essentiellement des procédures
qui pourraient déboucher sur une véritable
tentative de régler le problème.
L'Ambassadeur du Myanmar, dans son intervention, et d'autres
intervenants, ont utilisé des mots tels que "succès", "avancées",
"progrès", et nul
ne contestera que l'engagement politique sans ambiguïté pris par le gouvernement du Myanmar est effectivement ce que nous pouvons
appeler un progrès. Mais, bien entendu,
la référence du gouvernement du Japon à la commission d'enquête créée dès 1998 me rappelle que la résolution qui a été adoptée par la Conférence exige du gouvernement du Myanmar qu'il mette définitivement un terme au travail forcé, qu'il poursuive ceux qui y ont recours et qu'il modifie l'ordre juridique afin que cela soit
possible. C'est ce
qui a été fait à ce sujet que
nous devons juger. Pour parler sans détours -je n'ai
pas la même habitude du langage diplomatique que beaucoup des ambassadeurs ici réunis -, je
résumerai le point de vue du Conseil d'administration
en disant que nous nous félicitons
de ce que dit le gouvernement du Myanmar mais que nous attendons
les actions concrètes qui doivent
suivre. J'ai le sentiment que le Conseil d'administration souhaite que ces mesures
concrètes soient prises avant d'envisager
sérieusement de revenir sur la résolution adoptée par la Conférence internationale du Travail en 1999
au titre de l'article 33, que ce soit
en mars 2003 ou après. Pour user d'un langage peut-être plus diplomatique et pour mieux traduire les sentiments du Conseil d'administration aux fins
du procès-verbal écrit, peut-être est-il utile de prendre note de la confirmation officielle
de l'Ambassadeur Mya Than que
le gouvernement du Myanmar est prêt à accueillir
une mission de l'OIT pour donner suite aux discussions qui ont
eu lieu entre le Bureau et
les autorités en ce qui concerne un possible programme d'action
mais il ressort
clairement des documents et des discussions que nous avons
eues que l'objet de cette mission, si elle a lieu, devra être de parvenir
à un accord final sur un
plan d'action concret en vue de l'élimination effective du travail forcé. Il faudra tenir compte,
notamment, des idées et
suggestions avancées par l'Equipe
de haut niveau qui s'est rendue au Myanmar il y a un peu plus d'un an. Ce que nous avons
entendu aujourd'hui confirme notamment la nécessité de mettre en place un système crédible d'enquête sur les allégations, ce qui d'ailleurs faisait partie des suggestions.
Cela étant entendu,
il appartiendra
au Bureau de juger du
moment où les travaux préparatoires effectués par la Chargée de liaison seront suffisamment avancés pour que cette mission puisse être réellement
fructueuse. A ce sujet, et pour répondre aux
observations de l'Ambassadeur, je
tiens à souligner,
comme d'autres l'ont fait, que, dans la mesure où l'objet du
plan d'action est l'élimination du travail forcé, la résolution adoptée en 1999 par la Conférence
internationale du Travail laisse une grande
marge de manœuvre au Directeur général et au Bureau au
sujet de la gamme et de la
nature des projets de coopération
technique qui pourraient faire partie
de ce plan. Cela cadre parfaitement avec ce qu'ont dit les représentants des travailleurs et
de certains gouvernements, à savoir que la résolution vise à assurer que l'assistance
technique apportée au gouvernement
du Myanmar aura pour objet d'assurer l'élimination du travail forcé. C'est bien ce que souhaitent
les gouvernements, y compris
le gouvernement du Myanmar,
et je pense donc que nous
parlons tous le même langage et que nous nous
orientons dans la même direction.
Les différences
se situent entre ceux qui estiment que nous aurions
dû aller plus vite et ceux
qui pensent que nous avons fait suffisamment de progrès pour envisager de revenir sur les mesures relevant de l'article 33. Le Conseil
d'administration n'est pas appelé à trancher
au cours de la présente
session. La question lui sera soumise en mars prochain. Toutefois, je souhaite me faire l'écho des observations qui ont été faites. Souvent, nous
avons constaté que des progrès, si progrès
il y a, sont faits juste avant
les sessions du Conseil d'administration, d'où la très grande difficulté
pour celui-ci d'évaluer l'impact des changements. Je crois que,
dans la mesure où cela a été
reconnu par le gouvernement
du Myanmar et dans les déclarations de l'Ambassadeur, l'engagement du gouvernement est d'être fidèle à sa
parole et, avec l'aide du
Bureau, de prendre des mesures
concrètes afin que nous puissions
voir par nous-mêmes que la situation a réellement changé en matière de travail forcé. Nous espérons tous que cela pourra
se faire le plus tôt possible. J'espère que ce résumé reflète
les sentiments de toutes les personnes
ici réunies, qu'elles représentent les gouvernements les travailleurs ou les employeurs, et qu'il confortera le consensus sur un objectif auquel nous aspirons
tous, à savoir l'éradication du travail forcé au Myanmar. J'espère
que ce
résumé sera approuvé par tous.