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Erika: TOTAL FINA'S DESMAREST GETS
Subject: Erika: TOTAL FINA'S DESMAREST GETS KNOCKED / LIBERATION EDITORIAL DEC 16
EDITORIAL
Economies à risques
Par JACQUES AMALRIC
Le jeudi 16 décembre 1999
Le naufrage du
pétrolier «Erika»
Catastrophe de
complaisance
Mission houleuse
pour endiguer la marée
noire
«L'effet marmite»
La jungle de la mer
Economies à risques
«Il faut interdire les
pavillons de
complaisance»
AILLEURS SUR LE
WEB
Un site priv? r?alis? par
des marins
Le site de la Marine
nationale
le Centre de
Documentation de
recherche et
d'expérimentations sur les
pollutions accidentelles
des eaux (Cedre).
Le site de Sycopol est
une association qui
regroupe des
professionnels de la lutte
contre la pollution des
eaux au niveau
international.
a France aime bien, d'habitude, se décerner
des brevets de
bonne conduite et chercher hors de ses
frontières la source de
ses problèmes de pollution pétrolière. Pas de
chance cette fois: si la
poubelle flottante Erika naviguait bien sous
pavillon de
complaisance, elle avait été affrétée par
TotalFina, le chef de file du
tout nouveau fleuron de l'industrie française né
de la bataille aussi
fusionnelle qu'épique de cet été avec Elf. Le
coup est rude pour
Thierry Desmarest qui promettait après sa
victoire sur Philippe Jaffré
«une politique de croissance ambitieuse».
«A quel prix pour les autres?» seront dorénavant
en droit de lui
demander non pas ses actionnaires qui ne seront
en rien pénalisés
par la catastrophe, mais quelques mauvais
esprits. Car c'est son
groupe, pour une économie de quelques milliers
de dollars, qui a
choisi de louer une antiquité aux mains d'un
équipage problématique
et de faire ainsi courir des risques
inconsidérés à la communauté.
TotalFina ne manque pas déjà de faire remarquer
que ces pratiques
sont générales et qu'elles ne violent en rien la
réglementation
internationale en vigueur. C'est probablement
vrai, sous réserve
d'inventaire. Mais c'est donc bien la preuve par
a+b que cette
réglementation est soit insuffisante, soit
dénaturée. A moins qu'elle ne
soit insuffisante et dénaturée. L'hypothèse
n'est guère audacieuse;
elle est d'ailleurs retenue par l'immense
majorité des experts qui ne
sont pas à la fois juges et partie. Est-il
normal, en effet, que
l'appréciation des normes de sécurité
internationales soit faussée par
la prolifération des pavillons de complaisance
et par la sous-traitance
d'inspections déjà bien trop aléatoires? Qu'un
délai de survie de
trente ans ait été accordé aux bâtiments non
équipés d'une double
coque? Que l'Organisation maritime
internationale soit soumise de
fait aux intérêts corporatistes des armateurs et
aux Etats qui en ont
fait profession?
Que les groupes pétroliers échappent à toute
responsabilité -
notamment financière - en cas de catastrophe ce
qui les transforme,
quoi qu'ils puissent en dire, en autant de
défenseurs d'un système
indéfendable.