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TOTAL NUKE/ COGEMA
Liberation, finally the french take up the issue of advertising
propaganda, for Total stake in Cogema ads all over france these days,
nice world, radiation is good for your health. ds
LA VIE EN PUB
Les dégâts de la transparence
Par GERARD LEFORT
Le samedi 20 et dimanche 21 novembre
1999
es publicités silencieuses sont celles qui font
le plus de bruit. Ainsi
de la campagne Cogema. Le spot télé est un
pot-pourri des
parutions dans la presse écrite. Les questions
réputées gênantes y
sont listées en surimpressions muettes dans
l'ordre suivant:
«Camion-poubelle nucléaire ou convoi high-tech?
Que sort-il
exactement du tuyau de La Hague? Y a-t-il une vie
autre que
nucléaire à La Hague? Usine de La Hague: y a-t-il
un être
humain dans cette salle? L'environnement à La
Hague: qui
contrôle quoi et comment?» Et enfin: «Rejets
industriels: zéro
impact sur la santé?» Autant de questions qui
appellent des
réponses en marabout-de-ficelle: poubelle,
déchets, pollution, merde,
danger. Et c'est évidemment avec ce réflexe que
fait joujou la pub:
toutes les images qui accompagnent cette mise en
question sont en
effet à double tranchant. Un semi-remorque d'un
tel gabarit, précédé
par un motard de la gendarmerie, n'est pas normal.
Une plate-forme
off shore filmée à contre-jour est forcément
inquiétante. Un cheval de
labour qui broute sur fond de centrale a
fatalement trois oreilles (bien
que l'arrêt sur image atteste qu'il n'en a que
deux comme vous et moi).
Le gros plan d'un signal d'alarme fait encore plus
peur éteint
qu'allumé. Un ruisseau qu'on analyse est a priori
suspect et une
cheminée sans fumée laisse supputer que, «quelque
part», il y a le feu.
«Nous n'avons rien à vous cacher», dit le slogan
final de la
Cogema, sigle qui cache déjà une partie de son jeu
puisqu'il signifie
Compagnie GÉnérale des MAtières nucléaires. Bref,
effet de
strapontin éjectable pour l'aspect «nucléaire» du
problème. Mais ce
qui inquiète le plus, c'est le mutisme de la
bande-son, non dépourvue
de bruits pour autant: ressac de la mer, glouglou
du ruisseau, cui-cui
des oiseaux, grincement d'un portail à l'usine de
La Hague. Fonçant
dans le paradoxe amusant d'une grande muette qui
se met à parler, la
Cogema mise tout sur la fameuse signifiance du
silence. Au risque que
l'écho, polysémique en diable, lui renvoie des
mots désagréables ou
déformés. Il est bien connu qu'à la télé le blanc
à l'antenne représente
le fantasme maximal de l'angoisse. La Cogema
aurait dû méditer
l'exemple de l'inventeur officiel de la
transparence, Mikhaïl
Gorbatchev, dont on sait que sa Glasnost, après
avoir brisé la vitrine,
a fini par dévaster toute la boutique du
communisme soviétique. «Le
Prince avance masqué», écrivait Machiavel (un
créatif de l'agence
Florence). Sauf que, sous le masque du pouvoir, il
présumait qu'il n'y
pas peut-être pas de visage. Ou alors, ce qui
revient pratiquement au
même, complètement irradié