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Subject: NEWS - La crispation nationaliste des généraux birmans (ECLAIRAGE) 

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   La crispation nationaliste des généraux birmans (ECLAIRAGE) 
   pab Philippe AGRET
   
   RANGOUN, 25 août (AFP) - Aux critiques des démocraties occidentales,
les 
généraux au pouvoir en Birmanie opposent un nationalisme intransigeant, 
exacerbé par des décennies d'autarcie et les sanctions économiques, qui
rend 
très fragile la moindre médiation internationale pour débloquer
l'impasse 
politique.
   "Nous ne sommes pas des singes à qui l'on jette des bananes", déclare
le 
général-ministre David Abel à l'idée d'un possible déblocage des fonds 
internationaux en échange d'un "geste" de la junte envers l'opposition 
démocratique.
   L'envoyé spécial des Nations Unies, Alvaro de Soto, est attendu en
principe 
début septembre à Rangoun, probablement accompagné de la Banque
Mondiale, pour 
discuter avec les deux camps d'une éventuelle reprise progressive de
l'aide 
onusienne.
   L'initiative de l'ONU, sur laquelle les diplomates sont discrets,
viserait 
à encourager la junte, grâce à la "carotte" d'une assistance humanitaire
et 
financière (on a parlé à terme d'un milliard de dollars), à engager le 
dialogue avec l'incontournable Aung San Suu Kyi, la dirigeante de
l'opposition.
   "Nous sommes ouverts, nous sommes souples, mais il ne faut pas nous
imposer 
d'ordre du jour", avertit le général Abel. "Nous ne sommes pas des 
marionnettes".
   A preuve de sa "souplesse", la junte produit l'autorisation accordée
au 
comité international de la Croix-Rouge de visiter les prisonniers, y
compris 
politiques, la venue début août du commissaire australien aux droits de 
l'Homme, Chris Sidoti, et une mission "exploratoire" de la troïka
européenne 
en juillet. Elle se félicite de "l'attitude positive" de ses
interlocuteurs.
   Les ambassades occidentales à Rangoun en ont pris acte, un diplomate 
européen évoquant "un air de prudent optimisme", sans nourrir
d'illusions 
immédiates tant le contentieux entre la junte et Mme Suu Kyi est
irréductible, 
et "extrême" le nationalisme des généraux.
   "Si la communauté internationale est seulement du côté de Daw (titre 
honorifique) Aung San Suu Kyi, et si elle croit que seule cette dernière 
pourra bâtir la nation, elle se trompe", insiste le nouveau ministre des 
Affaires étrangères, Win Aung, réputé plus "ouvert" que son
prédécesseur.
   Aucun des membres de la junte ne se dit prêt à "monnayer l'intérêt 
national" pour complaire à la communaute internationale, obsédés qu'ils
sont 
par les insurrections ethniques et le "problème de survie de l'Union
birmane 
en tant que nation" depuis l'Indépendance (1948). D'aucuns diront aussi
par 
leur propre survie au pouvoir.
   Comme ailleurs dans la région, le colonialisme et les guerres civiles
ont 
servi de terreau à un nationalisme tiers-mondiste, qui s'est traduit en 
Birmanie par le non-alignement puis l'isolationnisme du régime
socialiste du 
général Ne Win (1962-88).
   En dépit de prétentions modernistes et "démocratiques", la junte
actuelle 
--qui a succédé à Ne Win-- reste enfermée dans une logique passéiste, 
obsolète, vestige de la Guerre froide, estiment les observateurs.
   Les militaires birmans ont vu avec consternation et inquiétude la
chute de 
Suharto en Indonésie, un allié et un modèle, et ils se sentent
volontiers dans 
la peau des Serbes, quand, selon un stratège de la junte, "un petit pays 
souverain est frappé par une coalition de grands pays au nom des droits
de 
l'Homme et de la démocracie, sans mandat des Nations Unies".
   "Nous voulons instaurer un système démocratique multipartite, pas une
copie 
carbone des pays occidentaux, mais adapté à notre culture et qui
respectera 
notre sécurité nationale", assure le colonel Hla Min, de l'Institut
d'études 
stratégiques de la Défense.
   "Mais quand tous ces grands pays tirent à hue et à dia, nous imposent
trop 
de pression de l'extérieur, il nous faut être très prudents dans notre
façon 
d'avancer car nous pourrions bien dérailler", dit-il.
   Le dilemme, relèvent les experts occidentaux, est que seul un
déblocage 
politique, et avec lui la reprise des financements internationaux,
pourrait, 
en ranimant l'économie moribonde, remettre la Birmanie immobilisée sur
de bons 
rails.
   agr/mb   eaf