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Front Page lead story, Liberation + (r)



Subject: Front Page lead story, Liberation + DAASK Interview / Euro-Burmanet

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Its is French, we may translate but we hope also to have more languages 
for greater diversity in Europe and abroad.

Those of you who resent stories, we thank you (netscape memory overload)

dawn star, Paris
Euro-Burmanet
http://www-uvi.eunet.fr
http://www-uvi.eunet.fr/asia/euro-burma
http://www-uvi.eunet.fr/asia/euro-burma/total

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Le d=E9fi de la rue =E0 la jute birmane
Chaque semaine, des milliers de manifestants sous les fen=EAtres d'Aung San=
 Suu Kyi

Rangoon, , envoy=E9 sp=E9ciale (Romain Franklin)

Dans ce pays profond=E9ment bouddhiste o=F9 les pagodes s'alignent comme de=
s chapelets le long des rues, c'est parfaitement religieusement que chaque =
week-end, plusieurs milliers de Birmans viennent =E9couter,  =E0 16 heures =
tapantes, Aung San Suu Kyi parler derri=E8re la grille de sa r=E9sidence. A=
ssis ou debout sur les bas-c=F4t=E9s du 54 avenue de l'Universit=E9, ils =E9=
taient =E0 nouveau 4.000, samedi et dimanche, =E0 d=E9fier le Conseil de re=
stauration de la loi et de l'ordre (le Slorc) c'est-=E0-dire la junte milit=
aire au pouvoir, qui menace depuis deux semaines d'interdire la Ligue natio=
nale pour la d=E9mocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi. Quelques bonz=
es en toge orange arrivent un peu en retard, essouffl=E9s, en repliant leur=
s ombrelles, pour se glisser dans la foule compacte, entre un groupe d'=E9t=
udiants et un quadrag=E9naire qui tend son magn=E9tophone vers les haut-par=
leurs perch=E9s au-dessus des grilles.

La question est sur toutes les l=E8vres. Combien de temps encore la prix No=
bel de la paix 1991, qui a b=E9n=E9fici=E9 d'une fin d'assignation =E0 r=E9=
sidence en juillet dernier, pourra-t-elle continuer de d=E9fier impun=E9men=
t la trentaine de g=E9n=E9raux qui tirent les ficelles du pouvoir? Quelques=
 semaines, quelques mois? " Les Birmans veulent la d=E9mocratie, " l=E2che =
un p=E8re de famille, " mais je crois qu'il n'y a aucun espoir. Les gens on=
t trop peur ", dit-il en d=E9signant un agent du Slorc, photographiant les =
participants: " Une confrontation est in=E9vitable, " juge un diplomate occ=
idental venu sur les lieux. " Les quatre principaux leaders de la junte h=E9=
sitent encore =E0 agir. Mais ils ne saurait trop tarder =E0 se mettre d'acc=
ord pour r=E9primer d'une mani=E8re ou d'une autre. "

Duel. Le leader de la LND, qui vient d'appara=EEtre au-dessus du portail et=
 qu'on devine perch=E9e sur une table est bruyamment acclam=E9e. Son discou=
rs, c'est un peu la d=E9mocratie expliqu=E9e aux enfants. Dans son duel =E0=
 fleuret mouchet=E9 contre le junte, les r=E9cents oukazes des g=E9n=E9raux=
 et les arrestations d'opposants sont syst=E9matiquement pass=E9s au crible=
 des " principes d=E9mocratiques " et de l'=E9tat de droit ". Elle ne se pr=
ive pas de d=E9noncer les m=E9thodes du Slorc, qui a contraint la semaine d=
erni=E8re 5 d=E9put=E9s de la LND =E0 " d=E9missionner " en faisant pressio=
n sur leurs familles.

Son prestige, Aung San Suu Kyi le dorit d'abord =E0 son p=E8re, le g=E9n=E9=
ral Aung San, le fondateuer de l'ind=E9pendance birmane, dont les portraits=
 figurent sur les billets de banque du pays. M=EAme  piqu=E9 au vif, le gou=
vernement militaire doit composer avec un " symbole national " auquel il se=
rait t=E9m=E9raire d'attenter sans de bonnes raisons. Le junte, qui s'est e=
ngag=E9e, il y a quelques ann=E9es, =E0 c=E9der " un jour " le pouvoir aux =
civils -- lorsqu'une nouvelle Constitution sera r=E9dig=E9e, disent-ils -- =
n'a de cesse de chercher des pr=E9textes pour la neutraliser. Depuis que le=
 pouvoir a averti qu'il interdirait ses rassemblements hebdomadaires s'ils =
venaient =E0 " g=EAner la circulation ", un service d'ordre de la LND, comp=
os=E9 de jeunes filles portant des uniformes brun clair et des chapeaux de =
bambou coniques, sert les rangs pour emp=EAcher la foule d'envahir l'avenue=
 qui fait face =E0 la grille. Retors, le Slorc organise presque quotidienne=
ment des manifestations =E0 sa propre gloire o=F9 des milliers de Birmans s=
ont contraints de d=E9noncer les " =E9l=E9ments destructeurs ", c'est-=E0-d=
ire l'opposition, sous peine d'amende ou de prison. Les images de ces meeti=
ngs sont longuement diffus=E9es sur la cha=EEne de t=E9l=E9vision unique.

Un climat de forte tension s=E9vit des deux c=F4t=E9s. " Les habitants de l=
a capitale redoutent les agents en civil du Slorc, tandis que les militaire=
s osent moins souvent se promener en uniforme par crainte de se faire agres=
ser ", raconte un passant. Les convois de camions militaires que l'on voyai=
t fr=E9quemment =E0 Rangoon, voil=E0 trois ans, ont disparu, sans doute par=
ce que le Slorc se sent plus s=FBr de lui dans la capitale, transform=E9e e=
n une sorte de redoute anti-insurrectionnelle. Environ un million d'habitan=
ts ont =E9t=E9 d=E9m=E9nag=E9s de force depuis la r=E9pression du mouvement=
 d=E9mocratique de 1988. Le soir venu, le centre se vide alors que les foul=
es se pressent dans le bus qui les acheminent au d=E9barcad=E8re o=F9 de fe=
rries, puis d'autres bus, les conduisent dans des " villes nouvelles " situ=
=E9es =E0 20 ou 30 km. " Avez-vous remarqu=E9 que pour s'y rendre il faut t=
oujours traverser un pont  garder par des militaires ", ironise un chauffeu=
r.

Contraste. Tout comme le r=E9gime est parvenue =E0 neutraliser le clerg=E9 =
-- les 300.000 bonzes constituent un contre-pouvoir potentiel -- en lui pro=
curant nombre d'avantages, " t=E9l=E9visions, voitures, donations " la junt=
e soigne ses fonctionnaires. Ceux-ci =E9t=E9 relog=E9s dans la ville nouvel=
le de Dagon, gr=E2ce aux pr=EAts gouvernementaux, des centaines de maisons =
ont =E9t=E9 b=E2ties en dur. Le spectacle est fort diff=E9rent ailleurs. A =
Hlaing Dhaya, au nord de Rangoon, des dizaines, au nord de Rangoon, des diz=
aines de milliers de personnes qui vivaient autrefois dans le centre-ville =
s'entassent dans des huttes sur pilotis install=E9es au milieu des rivi=E8r=
es avec des chemins de boue en guise de rue. " Les militaires ne nous ont p=
as laiss=E9 le choix ", dit un habitant, comme pour excuser la pr=E9carit=E9=
 de son logement, " l'immeuble o=F9 nous habitons a =E9t=E9 ras=E9 au bulld=
ozer. "  Lui ou ses voisins vont-ils =E9couter Aung San Suu Kyi? " Si je me=
 fais arr=EAter, qui va nourrir ma famille. Tout notre argent passe d=E9j=E0=
 dans le riz, dont le prix necesse d'augmenter. " Un panneau roue intitul=E9=
 " Le d=E9sir du peuple " est plant=E9 =E0 quelques centaines de m=E8tres d=
e l=E0: " Opposons-nous =E0 ceux qui tentent de menacer la  stabilit=E9 de =
l'Etat et le progr=E8s de la Nation (...) Ecrasons tous les =E9l=E9ments de=
structeurs, internes ou externes qui sont notre ennemi commun. "

Photo (Rangoon, le dimanche 2 juin. Rassembl=E9s devant la r=E9sidence d'Au=
ng San Suu Kyi, des supporters de la Ligue nationale pour la d=E9mocratie a=
pplaudissent alors que la prix Nobel de la paix s'adresse =E0 la foule. La =
police a dress=E9 des barbel=E9s devant la maison pour contenir les millier=
s de Birmanes qui se pressent chaque week-end pour =E9couter les discours d=
e la principale opposante, lib=E9r=E9e par la junte birmane en juillet dern=
ier, mais toujours maintenue en r=E9sidence surveill=E9e dans sa propri=E9t=
=E9.

Entretien/ Interview (photo -Aung San Suu Kyi chez elle devant le portrait =
de son p=E8re)
Aung San Suu Kyi : " Notre plus grand soutien est =E0 l'int=E9rieur du pays=
 "
Le prix Nobel de la paix privil=E9gie la n=E9gociation avec la junte birman=
e.

Rangoon, envoy=E9 sp=E9ciale (Romain Franklin)

Aung San Suu Kyi, la secr=E9taire g=E9n=E9rale de la Ligue pour la d=E9mocr=
atie (LND), vit toujours dans la maison familiale qui lui a servi de prison=
 pendant six ans.  Le rez-de-chauss=E9e de sa maison, d'architecture coloni=
ale, a =E9t=E9 transform=E9 en quartier g=E9n=E9ral de la LND, mais depuis =
la fin de son assignation =E0 r=E9sidence, le prix Nobel de la paix (1991) =
ne dispose toujours que d'une libert=E9 de mouvement tr=E8s relative. Elle =
ne sort que tr=E8s rarement de son domicile, o=F9 tout visiteur doit =E9mar=
ger =E0 l'entr=E9e sur un cahier tenu par des agents du Conseil de restaura=
tion de la loi et de l'ordre (Slorc, nom officiel de la junte au pouvoir).

Lib=E9ration : Pourquoi le Slorc a-t-il tent=E9 d'emp=EAcher le congr=E8s d=
e votre parti le mois dernier, en arr=EAtant la majorit=E9 des d=E9put=E9s =
qui devait s'y rendre?

Aung San Suu Kyi:  Tout ce que nous faisons rend les militaires nerveux, ma=
is cela ne nous emp=EAche pas de faire progresser les choses.

Lib=E9ration: La situation ne semble pourtant pas tellement avoir =E9volu=E9=
=2E La junte a jusqu'alors toujours eu le dernier mot.

ASSK: Nous avons remport=E9 un succ=E8s par le simple fait que les militair=
es ont essay=E9 d'emp=EAcher notre congr=E8s et que nous sommes malgr=E9 to=
ut parvenus =E0 le tenir. Pour ainsi dire gr=E2ce au Slorc, il s'est transf=
orm=E9 en =E9v=E9nement international. Nous avons gagn=E9 =E0 notre cause l=
e soutien des gens qui ont d=E9montr=E9 qu'ils ne pouvaient pas =EAtre inti=
mid=E9s par le Slorc, qui fait tout pour les effrayer.

Lib=E9ration : Beaucoup de pays, m=EAme le Japon et la Tha=EFlande, habitue=
llement 'compr=E9hensifs', ont r=E9agi aux r=E9centes menaces de la junte. =
Ce genre de pression internationale est-il essentiel pour vous?

ASSK: C'est un facteur important mais pas d=E9terminant. Noter plus grand s=
outien est =E0 l'int=E9rieur du pays. Nous cr=E9ons notre propre voie. Larg=
e ou =E9troite, cela d=E9pend des gens (qui nous soutiennent).

Lib=E9ration : Nous n'avez jamais cens=E9 d'appeler au dialogue avec les mi=
litaires au pourvoir. Vous les avez rencontr=E9s en deux occasions, en 1994=
, mais en vain, et ils d=E9clinent d=E9sormais toute entrevue. Etes-vous to=
ujours pr=EAte =E0 un compromis?

ASSK: N=E9gocier signifie faire des compromis. Chacun doit c=E9der un peu d=
es deux c=F4t=E9s. Nous avons toujours envisag=E9 les choses de cette mani=E8=
re et il n'y en a pas d'autre.

Lib=E9ration : Ces derni=E8res ann=E9es, le Slorc a ouvert l'=E9conomie du =
pays et r=E9ussi =E0 pacifier la bonne douzaine de rebellions ethniques. N'=
a-t-il pas renforc=E9 sa cr=E9dibilit=E9?

ASSK: Oui, bien s=FBr. Mais d'une mani=E8re illusoire, car l'=E9conomie ne =
conna=EEt pas de v=E9ritable essor. Le boom =E9conomique intervenu entre 19=
92 et 1994 a commenc=E9 l'an dernier =E0 montre des signes d'essoufflement =
et semble m=EAme courir =E0 l'=E9chec. Nous souhaitons installer en Birmani=
e une v=E9ritable =E9conomie de march=E9 et non pas l'esp=E8ce de capitalis=
me =E9litiste actuellement en vigueur, qui ressemble =E0 celui mis en place=
 par Marcos aux Philippines dans les ann=E9es 70. La majorit=E9 des Birmans=
 est plus pauvre qu'elle ne l'=E9tait il y a quelques ann=E9es, et l'=E9car=
t entre les plus riches et les plus d=E9munis s'est accru. Quant au cessez-=
le-feu sign=E9 entre la junte et les insurg=E9s ethniques, il ne pourra jam=
ais remplacer de v=E9ritables accords de paix permanents, qui restent =E0 n=
=E9gocier. Les insurg=E9s ont conserv=E9 leurs armes, et ces conflits peuve=
nt resurgir =E0 n'importe quel moment.

Lib=E9ration : Vous parlez souvent de Nelson Mandela dans vos discours. Pou=
rquoi jugez-vous ce parall=E8le appropri=E9?

ASSK: Notre mouvement peut =EAtre compar=E9 =E0 beaucoup de  combats contre=
 les dictatures dans le monde. L'Afrique du Sud est juste l'un des plus r=E9=
cents exemples de ce genre. Il montre comment les probl=E8mes peuvent =EAtr=
e r=E9solus par la voie de la n=E9gociation.


Lib=E9ration : Il ne semble pourtant pas qu'il y ait un " De Klerk " en Bir=
manie.

ASSK: De Klerk avait auparavant la r=E9putation d'=EAtre un dur du r=E9gime=
=2E En Birmanie aussi, la situation change en permanence, les choses =E9vol=
uent. Et puis, il ne faut pas oublier que la LND a le mandat officiel du pe=
uple depuis les =E9lections g=E9n=E9rales de 1990 (au cours desquelles la L=
ND a remport=E9 80% des voix, ndlr), et que le Slorc est arriv=E9 au pouvoi=
r en s'engageant =E0 mettre en place une structure d=E9mocratique.

Lib=E9ration : L'entreprise fran=E7aise TOTAL, qui est l'op=E9rateur du plu=
s gros investissement =E9tranger en Birmanie, un gazoduc, est accus=E9e de =
profiter indirectement du travail forc=E9 auquel l'arm=E9e soumet habituell=
ement la population pour des projets d'infrastructures. Qu'en pensez-vous?

ASSK: Pour dire les choses simplement, je consid=E8re que ce genre d'invest=
issement contribue directement =E0 soutenir le r=E9gime militaire en place.=


*Chronologie Birmane

Septembre  1988. Des manifestations pro-d=E9mocratiques s'=E9tendent =E0 tr=
avers le pays. Aung San Suu Kyi joue un r=F4le catalyseur. L'arm=E9e r=E9pr=
ime, faisant au moins 3.000 morts.

Juillet 1989. Aung San Suu Kyi est assign=E9e =E0 r=E9sidence, ainsi que pl=
usieurs autres leaders de la LND.

Mai 1990. La LND remporte les =E9lections avec 392 si=E8ges sur 485. La r=E9=
pression s'abat sur les d=E9put=E9s et les partisans de la LND.

Juillet 1995. Aung San Suu Kyi est lib=E9r=E9e.

Mai 1996. Aung San Suu Kyi convoque pour le 26 mai un congr=E8s de la LND. =
La junte emprisonne 250 participants potentiels, mais lasse le meeting se t=
enir. 10.000 supporters viennent =E9couter Aung San Suu Kyi.

7 juin. Apr=E8s qu'Aung San Suu Kyi eut annonc=E9 l'intention de la LND de =
r=E9diger un projet de Constitution, la junte durcit son arsenal r=E9pressi=
f contre l'opposition.


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